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10.2. La nécessité pour le manager de s’autogérer

Selon l’économiste Peter F. Drucker, un pionnier du management du 20e siècle, l’autogestion et le self-leadership sont les secrets de la réussite de nombreuses personnalités historiques (p. ex. Mozart, Napoléon, Léonard de Vinci). Pour beaucoup de chercheurs et grands managers, le self-management et le self-leadership sont même au cœur de toute forme de gouvernance : Les personnes doivent d’abord s’influencer elles-mêmes efficacement avant de pouvoir diriger d’autres personnes de manière efficace.

Le terme suggère que nous nous gérons nous-mêmes, c’est-à-dire nous engageons dans l’auto-leadership et l’auto-organisation.

Le thème de l’autogestion jouit depuis quelques années d’une grande popularité, ce qui se traduit par une offre désormais importante de littérature ou de séminaires spécifiques. Certes, l’importance de l’autogestion a quelque peu diminué sur le marché de la formation continue, mais le marché stagne à un niveau élevé. Ainsi, des études montrent un peu partout que le tiers des instituts de formation  considèrent toujours l’autogestion comme un domaine important.

L’offre, qui n’a cessé de croître au cours des dernières années, est apparemment toujours confrontée à un besoin social relativement élevé en méthodes d’autogestion.

L’autogestion ne semble plus être un sujet réservé au manager stressé, mais prend de plus en plus d’importance en tant que partie d’un cadre de vie général.

Si l’on examine de plus près ces offres, on constate que les ouvrages à orientation pratique sous forme de guides traitant du sujet à l’aide d’instructions simples et compréhensibles prédominent. Dans de nombreux cas, il n’y a même pas de consensus sur la signification des termes utilisés. De plus, il est rare de trouver des publications scientifiques à orientation théorique qui pourraient contribuer à résoudre ce problème.

Etant donné que, malgré les approches les plus diverses, la demande reste manifestement importante, il est clair que de nombreux problèmes ne sont pas encore résolus. La question se pose donc de savoir si les solutions proposées jusqu’à présent sont suffisantes.

10.2.1. Gestion de soi et questionnements

Le monde économique d’aujourd’hui se caractérise par l’accélération, la numérisation, la mondialisation, le changement démographique et l’évolution des valeurs. Pour décrire les tendances actuelles affectant l’économie, l’acronyme  VUKA (issu de l’anglais, signifiant « volatilité, incertitude, complexité et ambiguïté) est souvent utilisée pour qualifier les notions de volatilité et d’évolutions erratiques).

Le futur monde du travail (Work 4.0) se caractérisera par des décisions décentralisées proches du client, une flexibilité à plusieurs niveaux, des structures organisationnelles flexibles et ouvertes, la mise en réseau et le travail sous forme de projet. La direction doit accompagner les employés dans cette réalité du travail.

De nouveaux concepts tels que le travail agile, le nouvelle gestion et le nouveau leadership émergent dans les entreprises. Les exigences en matière de compétences changent. La pression du temps et le sentiment de stress augmentent – et avec eux la question de savoir comment les gérer.

Et Cela commence déjà dès vos études. En effet, la gestion significative de soi et du temps devient de plus en plus importante car elle aide à suivre le cours de manière efficace et efficiente et prépare à la réalité du travail 4.0.

De même, la prise de décision et la capacité d’agir même dans des contextes incertains et changeants font l’objet de recherches incessantes.

« Connais-toi toi-même est un conseil très beau et très utile. il est dommage seulement que les anciens ne se soient pas avisés d’en indiquer le mode d’emploi. »

Anton Tchekhov

La gestion de soi est cet  avantage intérieur qui vous montre comment vous pouvez cultiver une conscience ou une présence non distraite d’une manière qui peut être appliquée dans toutes les situations, qu’elles soient liées au travail, aux loisirs ou à la vie de famille. Elle comprend une façon positive de travailler avec la peur qui est énergisante et aide à sensibiliser davantage sur la façon dont la pleine conscience aide à travailler.

Managers et self-management

Comme si gérer les autres n’était pas assez difficile, les managers doivent aussi se gérer eux-mêmes.

Si vous demandez autour de vous à un manager comment est l’ambiance ces derniers temps, il vous répondra généralement qu’il est épuisé. « Je suis fatigué de la pandémie Covid, fatigué de travailler au milieu d’une grande complexité et d’une grande incertitude, de jongler entre ma vie personnelle avec la garde des enfants et mes responsabilités professionnelles, fatigué de toutes les pénuries de personnel et des problèmes  d’approvisionnement. »

Principale raison à cet épuisement : Une absence ou une mauvaise gestion de soi.

Parfois, quand on fait remarquer à des managers que la gestion des autres passe d’abord par la gestion de soi, ils répondent qu’ils sont tellement pris qu’ils n’ont pas le temps de s’occuper de cela.

Si le tableau de bord de votre voiture signale que vous êtes en train de rouler sur la réserve d’essence, que faites-vous ? Allez-vous continuer à rouler parce que vous n’avez pas le temps et que vous risquez à tout moment de faire une panne sèche ou alors devez-vous rejoindre la station d’essence la plus proche pour faire le plein ?

La réponse est généralement très claire. Si vous ne prenez pas le temps de vous gérer, vous ne vous améliorerez jamais. Il y a tellement d’avantages à travailler sur soi et tellement de désagréments et de risque à l’ignorer.

« Laissez les autres mener de petites vies, mais pas vous. Laissez les autres se disputer sur de petites choses, mais pas vous. Laissez les autres pleurer sur de petites blessures, mais pas vous. Laissez les autres laisser leur avenir entre les mains de quelqu’un d’autre, mais pas vous. »

Jim Rohn

Si trop de travail s’accumule sur votre bureau et que vous ne savez même pas par où commencer, si vous ne savez pas gérer votre temps, votre stress, si vous ne savez pas déléguer, si vous repoussez souvent les tâches désagréables, si vous ne savez pas prendre les bonnes décisions ou résoudre les problèmes qui se posent à l’organisation que vous dirigez, vous n’irez pas loin, vous êtes sur le point d’échouer.

Certaines compétences sont non seulement particulièrement importantes, mais facilitent également vos vies professionnelle et personnelle. Parmi ces compétences, l’autogestion, cette capacité àe façonner de manière indépendante et autonome son propre développement professionnel ou personnel.

10.2.2. Qu’est-ce que la gestion de soi ou self-management ?

Le terme est souvent mentionné en relation avec la gestion du temps. La gestion du temps doit servir à organiser le travail quotidien de manière à ce qu’il se déroule le plus efficacement possible.

Se gérer soi-même va au-delà.

L’autogestion signifie donc se diriger en fixant des objectifs, planifier les étapes nécessaires pour atteindre ces objectifs, prendre des décisions conscientes et assumer la responsabilité de leur mise en œuvre, agir en conséquence et régulièrement réfléchir et faire le point. Il s’agit d’auto-leadership et d’organisation de la vie quotidienne et des tâches à venir.

L’autogestion a trait à votre capacité à gérer vos comportements, vos pensées et vos émotions de manière consciente et productive et à façonner de manière indépendante et autonome votre propre développement professionnel ou personnel. Cela suppose donc de façonner votre propre vie dans son ensemble de manière à ce qu’elle se déroule en harmonie avec vos propres idées.

Si le management se concentre sur la gestion externe d’autres personnes, la gestion de soi se rapporte à s’influencer de l’intérieur (processus mental).

PAROLES DE FEMMES

« Quand je repense à ces années de doute excessif sur moi-même, je me demande comment j’ai pu faire mes peintures. En partie, j’ai réussi à peindre parce que j’avais un désir, aussi fort que le désir de nourriture et de sexe, d’aller jusqu’au bout, de donner une image significative. »

Miriam Schapiro

La gestion de soi est indépendante de la fonction assurée. Que vous soyez employé, manager, enseignant, parent, l’autogestion fonctionne parce qu’elle est la base pour être un être humain efficace vivant dans un monde contemporain chaque jour plus changeant et plus complexe.

Dans la vie et dans les affaires, avant de diriger les autres, nous devons être capables de nous diriger nous-mêmes. Pour être un vrai manager, vous devez être capable de penser efficacement, de vous comporter de manière congruente en sachant vous adapter aux situations et d’établir des relations empathiques avec les autres.

Les recherches et l’expérience des grands managers montrent que la gestion de soi-même est nécessaire pour atteindre ces trois qualités. Ces qualités font également de toute personne un grand homme ou une grande femme.

Cela implique de prendre des responsabilités tant sur le plan personnel que professionnel afin de devenir un meilleur chef d’équipe, un meilleur manager et de vous surpasser en tant que personne.

Cela nécessite ainsi diverses compétences et processus, tels que la connaissance de vos propres forces et faiblesses, la définition d’objectifs stratégiques, un apprentissage constant et la capacité d’autoréflexion.

Ceux qui sont dotés de solides et réelles compétences pour se gérer savent quoi faire et comment agir dans différentes situations. Ils savent maitriser leur colère lorsque l’arbitre donne injustement un carton jaune (donc un avertissement) à leur enfant lors d’un petit match de football. Ils savent comment éviter les distractions lorsqu’ils travaillent à domicile, afin de rester concentrés et productifs. Ils savent ce qu’ils doivent faire pour atteindre leurs objectifs de mise en forme et ils vont jusqu’au bout.

Se gérer soi-même est important pour les individus car il leur permet de vivre une vie plus authentique et plus épanouissante ; il est également important pour les organisations car les leaders de soi sont plus motivés, plus productifs et plus créatifs.

Selon l’économiste Peter F. Drucker, un pionnier du management du 20e siècle, Le self-management et le self-leadership constituent le secret de la réussite de nombreuses personnalités historiques telles que Mozart, Napoléon ou Léonard de Vinci).

Pour Manz et Sims, le self-leadership est même au cœur de toute forme de leadership. Ils sont catégoriques : Les managers/leaders doivent d’abord se gérer eux-mêmes efficacement, avant de pouvoir diriger efficacement d’autres personnes.

Ils vont même plus loin avec leur notion de « super leadership »  développée dans leur célèbre ouvrage « SuperLeadership: Leading Others to Lead Themselves ». Selon eux, les leaders ne doivent pas être considérés comme des héros mais comme des créateurs de héros, et les projecteurs ne doivent pas être braqués sur le leader mais sur les réalisations des suiveurs, des employés.

L’autogestion signifie que vous comprenez votre responsabilité personnelle dans différents aspects de votre vie et que vous faites ce qu’il faut pour assumer cette responsabilité.

Comment pouvez-vous vous influencez intentionnellement et efficacement pour atteindre vos objectifs ? Comment, au cœur de cette autogestion va apparaître la nécessité d’influencer vos pensées, vos émotions et votre comportement ?

10.2.3. L'autogestion et son rapport à l'intelligence émotionnelle

L’autogestion est la sphère d’action de l’intelligence émotionnelle, qui est liée à sa propre personne. Il existe divers sous-domaines de l’autogestion qui sont influencés par l’intelligence émotionnelle.

Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut citer quelques-uns de ces domaines :

D’abord, une autogestion efficace commence par une image positive des gens. Bien sûr, cela signifie aussi que vous avez une image fondamentalement positive de vous-même. Détrompez-vous, cela n’a rien à voir avec l’arrogance.

Cela signifie plutôt se considérer comme précieux et se traiter avec respect. Cela signifie aussi savoir que vous avez le don d’apprendre et de grandir. Ce n’est qu’à ces conditions que l’on peut avoir confiance dans l’efficacité des mécanismes d’autorégulation. Enfin et surtout, la façon dont vous agissez vis-à-vis des autres dépend également de la façon dont vous les percevez.

Deuxièmement, la maîtrise de soi émotionnelle. Les personnes émotionnellement intelligentes ont cette faculté de contrôler leurs émotions. Ils savent utiliser leurs émotions de manière stratégique et ciblée. 

Troisièmement : l’orientation vers les objectifs. Les objectifs sont des paramètres de contrôle importants. Ils fournissent une orientation et aident à trouver la bonne direction. Si vous voulez façonner votre vie en fonction de vos objectifs et de vos valeurs, vous devez être conscient de vos objectifs et les définir. Mais ce n’est pas un processus purement rationnel. Au contraire, les objectifs doivent être définis de manière à ce qu’ils soient également attrayants sur le plan émotionnel. 

Enfin, quatrièmement : adaptabilité ou flexibilité. Cela peut ressembler un peu à une contradiction avec l’orientation vers un objectif, mais cette impression est trompeuse. D’abord parce que le chemin vers l’objectif ne se déroule pas toujours comme prévu et qu’à cet égard, la capacité à s’adapter à l’évolution des évènements est requise afin de toujours garder un œil sur l’objectif. 

« Si vos capacités émotionnelles ne sont pas maîtrisées, si vous n’avez pas conscience de vous-même, si vous n’êtes pas capable de gérer vos émotions pénibles, si vous ne pouvez pas avoir d’empathie et avoir des relations efficaces, alors peu importe à quel point vous êtes intelligent, vous n’irez pas très loin. »

Daniel Goleman

En même temps, l’intelligence émotionnelle signifie également la capacité de s’adapter aux autres. Attention, il ne s’agit pas de chercher à plaire à tout le monde. Il s’agit simplement de ne pas ignorer les besoins des autres, de les  reconnaître et d’y adapter son propre comportement.

L’intelligence émotionnelle est devenue un véritable mot à la mode en quelques années seulement et l’autogestion représente la sphère d’action de l’intelligence émotionnelle, qui est liée à sa propre personne. Il s’agit de la capacité à percevoir, comprendre et influencer ses propres sentiments et ceux des autres.

Une autogestion efficace est l’assurance d’une intelligence émotionnelle accrue, elle favorise votre conscience de soi et conduit à un bien-être général. Cela comprend non seulement le raffinement de vos compétences interpersonnelles, mais également une prise de conscience claire de vos propres besoins.

D’une part, il s’agit de l’autogestion et de la conscience de soi et, d’autre part, des compétences nécessaires pour traiter avec les autres.

L’autogestion profite donc de ses racines dans la théorie de l’intelligence émotionnelle, où cette capacité peut également considérée comme une forme d’autorégulation. Cette autorégulation, soutenue par notre capacité de conscience de soi, nous aide à créer un accès conscient à nos pensées, désirs et sentiments. Ce n’est qu’une fois que nous sommes conscients de ces choses que nous pouvons commencer à les contrôler et à les exprimer de manière appropriée.

Ceux qui ont une conscience de soi et une autorégulation bien développées sont bien placés pour développer un ensemble de compétences d’autogestion qui les soutiennent dans leur travail et leur cheminement personnel.

10.2.4. Comment pouvoir se gérer soi-même ?

Les managers et les dirigeants doivent faire preuve d’une plus grande et meilleure compétence d’auto-observation, de confiance en soi, d’autogestion et de prise de décision.

En tant que manager et leader, vous serez en mesure de faire prendre conscience à vos collaborateurs de l’importance des objectifs et de les encourager à transcender leur propre intérêt pour le bien de l’équipe, du groupe ou de l’organisation.

Pour pouvoir se gérer efficacement, il faut un haut degré d’autoréflexion, une capacité à s’observer attentivement. L’introspection permet en effet aux personnes d’acquérir du pouvoir, des connaissances et du contrôle sur elles-mêmes.

Elles apprennent à connaître leurs forces et leurs faiblesses, se fixent des objectifs et peuvent modifier leur comportement. Mais l’introspection est aussi un instrument de feed-back important. Ce n’est qu’en s’observant soi-même, dans un exercice quasi-quotidien, que l’on peut être rapidement informé sur nous-mêmes.

Par ailleurs, dans la mise en œuvre quotidienne des méthodes d’autogestion, vous devez surmonter certains défis en évitant de perdre patience. Beaucoup de managers veulent changer leur autogestion du tout au tout rapidement. Non ! Changer d’autogestion est un marathon et non pas un sprint.

L’autogestion n’est pas un art, mais un processus d’apprentissage que tout le monde peut faire. Il faut d’abord investir du temps et être ouvert aux nouvelles idées afin d’intérioriser les méthodes d’autogestion. Plus tard, vous gagnerez encore plus en efficacité grâce à votre méthode de travail optimisée.

HISTOIRES A MÉDITER

CROIRE EN SOI

Un jeune journaliste, désireux de commencer sa carrière, trouve ce qui semble être l’opportunité parfaite annoncée dans le journal. Il a appelé le journal et a été informé que les candidats seraient interviewés à dix heures le matin suivant.

Le CV en main, le jeune homme est arrivé tôt le matin suivant. Cependant, à son grand désarroi, il a trouvé neuf autres journalistes pleins d’espoir faisant la queue avant lui.

Il prend sa place dans la file, examine sa compétition, puis, après un moment de réflexion, écrit une note. Il la tend à la secrétaire en lui disant qu’il est très important que son patron la voie immédiatement.

Lorsque son patron a lu la note, il a souri et s’est retrouvé impatient de rencontrer le jeune homme qui avait écrit la note. La note disait : « Cher Monsieur : Je suis le jeune homme qui est le dixième sur la liste. S’il vous plaît, ne prenez aucune décision avant de me voir. »

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