8.4. Le leadership n’est ni un poste, ni un grade, ni un titre
Vous pouvez avoir le titre le plus impressionnant au monde et ne pas être un leader.
Ancien joueur et entraîneur de football de l’Université Columbia, et directeur d’Apple de 1997 à 2014, Bill Campbell l’un des fondateurs les plus influents de la Silicon Valley, qui était surnommé « coach » pour son travail auprès de stars de l’industrie, avait dit une fois à John Sculley l’ancien PDG d’Apple, «Ton titre fait de toi un manager, ton peuple décidera si tu es un leader, et c’est à toi de le prouver ».
Oui. Le leadership n’a rien à voir avec le poste ou le grade.
On trouve des leaders à tous les niveaux : parmi les chefs d’État, les responsables d’administrations ou de partis, mais aussi dans les entreprises, dans les associations, dans une cour d’école, dans un groupe d’amis, dans une usine, dans une association caritative, dans une équipe de travailleurs, dans une organisation syndicale etc. Les personnes populaires au collège ou au lycée sont des leaders qui dégagent une assurance, une aisance, qui nous donnent envie d’être leurs amis, ou d’être comme eux.
Être perçu comme un meneur ou une meneuse, permet de se sentir important et valorisé. C’est toujours agréable de voir qu’on est aimé, et que notre parole est prise en compte. Ça peut même donner envie de donner le meilleur de soi-même, de se dépasser.
On peut se sentir pousser des ailes, au risque de s’approcher trop près du soleil et de s’y brûler ! Et oui être leader ça peut rendre un peu mégalomane. On risque alors d’essayer d’imposer notre point de vue, et de diriger dans la peur plutôt que dans le partage.
Ce sont les « suiveurs » qui font de vous un leader … ou pas ! Il ne suffit pas de vouloir être un leader, il faut que les autres vous voient ainsi. Tout est question de perception. Personne ne peut donc s’attribuer ce label. Vous ne verrez jamais une annonce du type : « Nous avons le plaisir de vous annoncer la nomination de Madame X ou de Monsieur Y au poste de leader chargé de…». Voilà qui serait saugrenu.
« 7 façons efficaces de faire en sorte que les autres se sentent importants
- Utilisez leur nom.
- Exprimez votre sincère gratitude.
- Faites en sorte d’écouter plus que de parler.
- Parlez plus d’eux que de vous.
- Soyez authentiquement intéressé.
- Soyez sincère dans vos louanges.
- Montrez que vous vous souciez.
Roy T. Bennett, La lumière dans le cœur
En réalité, on peut passer sa vie entière à vouloir le devenir sans jamais y parvenir et inversement être perçu comme tel sans jamais l’avoir cherché. Par ailleurs, cette reconnaissance n’est jamais définitivement acquise.
Le leadership est la capacité à entraîner les autres, à les mettre en mouvement, à les motiver. Le leadership peut être potentiellement exercé par toute personne, quelle que soit sa position hiérarchique.
Ne voyons-nous pas parfois un jeune stagiaire, fraichement arrivé, attirer l’attention et l’intérêt d’une équipe ou une jeune recrue qui par son comportement et son éloquence, ou encore par son courage et ses positions de principe séduire tout son entourage ?
Le leader n’a ni âge, ni couleur, ni sexe, ni même force ou handicap particuliers. Il est là présent avec une autorité personnelle, légitime, morale ou professionnelle et il arrive à forcer l’admiration et à imposer le respect. Voilà les signes d’un leader.
Le leadership n’est effectivement ni un grade ni un titre. Le leadership est une action supposant une responsabilité. Ce n’est pas une position qui consiste à être nommé par d’autres. Ce sont les gens qui donnent une telle position aux dirigeants méritants.
Un leader peut aussi se cacher au sein d’une équipe dont il n’est même pas le chef. Sa présence au cœur du dispositif participera à l’animation du groupe, à l’énergie collective, à la bonne ambiance… et pourquoi pas aux performances.
Son absence est d’ailleurs souvent remarquée : ce n’est pas pareil quand il ou elle n’est pas là ! Un bon manager saura valoriser ce collaborateur d’exception, utiliser ce leader, pour motiver son équipe, et fédérer les collaborateurs autour d’une personnalité forte et charismatique.
« Le leadership contient certains éléments d’une bonne gestion, mais il exige que vous inspiriez, que vous bâtissiez une confiance durable. Pour qu’une organisation soit non seulement bonne mais aussi gagnante, le leadership signifie évoquer une participation plus large que la description de poste, un engagement plus profond que la formulation de n’importe quel contrat de travail. »
Stanley A. McChrystal
On entend parfois certaines personnes dire : « Je ne suis pas le patron; Je n’ai aucun pouvoir pour changer quoi que ce soit ». Nous ressentons tous un jour ou l’autre ce sentiment que parce qu’on n’est pas dirigeant d’une entreprise ou de n’importe quelle organisation, on ne peut rien changer. Rien n’est plus faux.
Ecoutons d’abord Peter Drucker : « Tous les leaders efficaces que j’ai rencontrés – ceux avec qui j’ai travaillé et ceux que j’ai simplement regardés – connaissaient quatre choses simples: un leader est quelqu’un qui a des disciples; la popularité n’est pas le leadership, les résultats sont effectifs; les dirigeants sont très visibles, ils donnent des exemples; le leadership n’est pas un rang, un privilège, des titres ou de l’argent, c’est une responsabilité ».
Votre titre peut vous donner l’autorité, mais il ne peut pas vous donner de l’influence. Une influence saine est gagnée par la crédibilité que vous apportez à une relation ou à une organisation.
Position, titre et autorité sont souvent confondus avec le leadership. Nous voyons souvent des reportages qui se réfèrent à toute personne ayant un titre de «leader». Cependant, le leadership n’est pas une position ou un titre réel. Que vous soyez président d’un pays ou chef de la direction, votre titre ne fait pas de vous un leader. Tout ce que fait un titre, c’est de faire de vous un cadre supérieur.
Chaque fois qu’il y a une crise, les vrais leaders émergent pour surmonter la situation, et chaque fois qu’un navire navigue dans une tempête, les vrais capitaines émergent pour mener le bateau à bon port.
« Helene a pris l’initiative. Nous luttions et nous nous demandions si c’était même possible. Elle a juste plongé dedans et a commencé à changer les choses. Elle nous a entrainés dans des conversations et réflexions difficiles sur les obstacles et les défis et nous a aidés à passer à travers. Elle a fait bouger les choses ».
Combien de fois avons-nous entendu ce genre de réflexion. Le leadership consiste à faire bouger les choses, à faire avancer les discussions, à atteindre les objectifs et, surtout, à créer une différence dans la vie des autres.
Votre position, votre grade, votre autorité vous donnent le potentiel de diriger, cela ne fait pas de vous un leader. Vous ne devenez pas soudainement un leader juste parce que vous avez un nouveau titre aussi mérité soit-il. En fait, vous n’avez pas besoin d’un titre pour mener. Chaque jour, vous pouvez trouver des exemples de personnes avec des titres importants qui ne parviennent pas à faire la preuve de leur leadership.
Le leadership se produit lorsque les gens vous permettent d’influencer leur vie. Ce n’est que lorsque votre influence amène les gens à travailler vers une vision partagée que vous devenez un leader. Le leadership se manifeste avec de l’influence et de la relation qu’avec le contrôle et les ordres.
De la même manière un leadership est plus une action qu’une position hiérarchique. Il s’agit de savoir qui nous sommes et que sont nos actions, nos actes, comment nous traitons les autres, comment nous prenons des décisions, comment nous écoutons les autres, comment nous acceptons la responsabilité de nos actions et nous assumons les responsabilités; c’est ce que nous sommes vraiment.
En tant que leaders, nous devons réaliser que chaque action reflète notre caractère, notre intégrité et notre capacité à être des êtres humains nobles, dignes et bienveillants.
« Les leaders ne sont pas, comme nous sommes souvent amenés à le penser, des gens qui accompagnent des foules immenses qui les suivent. Les leaders sont des personnes qui suivent leur propre chemin sans se soucier, ni même chercher à voir, si quelqu’un les suit. Les « qualités de leadership » ne sont pas les qualités qui permettent aux gens d’attirer des suiveurs, mais celles qui leur permettent de s’en passer. Ils incluent, à tout le moins, le courage, l’endurance, la patience, l’humour, la flexibilité, la débrouillardise, l’entêtement, un sens aigu de la réalité et la capacité de garder la tête froide et claire, même lorsque les choses vont mal. En bref, les vrais leaders ne transforment pas les gens en suiveurs, mais en d’autres leaders. »
John Holt, « Teach Your Own » : Le livre de John Holt sur l’enseignement à domicile
Le leadership peut être démontré par n’importe qui dans n’importe quel type de situation. Dans une discussion en classe, sur le terrain de jeu ou en public, le signe de leader est évident. Une personne peut disposer de qualités pour être leader.
Certains individus savent quoi faire quand le temps ou la situation l’exigent. Beaucoup de personnes sont dénommés chefs et reconnus en tant que tel parmi des joueurs de football, des collègues de bureau, une équipe d’infirmières, etc.
Naturellement, certaines personnes vont devenir de meilleurs leaders que d’autres. Certains deviendront en fait excellents pour organiser de grandes équipes , ou pour parler à de grands groupes de personnes et leur donner une vision. Mais le leadership ne se limite pas à ces compétences.
Beaucoup de gens sous-estiment leur capacité à devenir des leaders parce qu’ils n’ont jamais pensé à eux-mêmes comme étant à la tête d’une action, d’un évènement d’un comportement. Si vous arrivez à guider les autres à travers un défi majeur ou les aider à atteindre des objectifs ou des résultats spécifiques dans leur vie personnelle ou professionnelle, alors vous possédez probablement des qualités de leadership.
En tant qu’employé, partenaire d’affaires, ou même participant à un projet communautaire, vous avez peut-être suggéré des solutions alternatives à un problème et de meilleurs moyens d’atteindre des objectifs spécifiques parce que vous n’étiez pas satisfait du statu quo. C’est un vrai signe que vous avez ce qu’il faut pour être un leader.
Par exemple, beaucoup de gens pensent qu’ils ne peuvent pas être des leaders puisqu’ils ne sont pas en position d’autorité. Mais au niveau le plus fondamental, les gens ont autorité sur leurs propres valeurs, actions et décisions, et devraient honorer cette autorité de manière appropriée.
Sont nombreux ceux qui pensent par exemple que les introvertis ne peuvent pas être de grands leaders, mais quelqu’un peut-il qualifier d’extravertie Rosa Parks, cette femme afro-américaine qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, qui lui valut aussi le surnom de « mère du mouvement des droits civiques » de la part du Congrès américain. Même si elle était devenue célèbre le 1ier Décembre 1955 à Montgomery-Alabama, en refusant de céder sa place à un passager blanc dans un autobus).
Les sociologues nous apprennent que les gens les plus introvertis influenceront 10.000 autres dans une vie moyenne. En d’autres termes, chacun d’entre nous, même les timides, peuvent influencer les autres. La question qui s’impose tout de suite après c’est de s’interroger sur l’influence que pourraient alors avoir les gens qui deviennent leaders de façon intentionnelle.
Mais devenir un leader ne signifie pas devenir quelqu’un que vous n’êtes fondamentalement pas. Nous avons tous notre idée de ce que le «leader» du casting existant dans notre série de télévision préférée. A quoi le héros ressemble et comment agit. Bien qu’il nous paraisse génial pour jouer des films, il n’est pas universel dans le monde réel. Voire pas même proche.
Le «bon» leader a dépend du lieu, du moment et de la situation spécifiques dans lesquels il est placé, et pas nécessairement pour tous les lieux, moments et situations. Quelqu’un peut, par exemple, être la personne idéale pour diriger un jury dans un procès criminel ou civil, tout en étant complètement impotent pour diriger un restaurant pendant l’heure du dîner, et vice versa.
Peu importe votre position dans la vie, à un moment ou à un autre, que vous le vouliez ou non, vous vous retrouverez dans une position de leadership. Il peut s’agir de diriger un comité d’organisation de tel ou tel évènement, d’accepter un nouveau poste de gestion, parrainer un groupe confessionnel, être dans une organisation professionnelle ou même dans un contexte social. Pour beaucoup d’entre nous, ce sera même dans nos foyers où, en tant que parents, nous aurons un rôle de leadership crucial à jouer.
HISTOIRES A MÉDITER
LE ROI QUI NE SAVAIT PAS DIRIGER
Il y avait un beau royaume, qui était gouverné par un prince qui a repris le royaume après la mort de son père.
Après quelques mois de sa prise de fonction comme roi, les choses ont commencé à le mettre à l’épreuve. La sécheresse a causé des pertes pour les agriculteurs, tué de nombreux animaux, oiseaux et plantes précieuses dans la forêt. Cela a été suivi d’une maladie inconnue qui a tué de nombreuses personnes.
Après quelques mois, les choses ont commencé à s’améliorer lentement avant de pouvoir se rétablir complètement.
Quelques mois plus tard, un roi ennemi a pris le contrôle du royaume, tuant de nombreuses personnes et emprisonnant certaines d’entre elles. Le jeune roi a réussi à s’échapper et a prévu de rejoindre son ami d’enfance qui était le roi d’un royaume voisin.
Sur son chemin, il pensait à la façon dont toutes ces choses avaient pu lui arriver. Il est né et a été élevé pour être le roi du royaume le plus puissant et le plus riche, mais maintenant il a tout perdu. Il croyait qu’il n’avait pas eu de chance parce que rien n’était arrivé à son père ou à aucun autre roi qu’il connaissait.
Lorsque le jeune roi a atteint le palais de son ami, les gardes ne l’ont pas autorisé, à cause de son apparence et de ses vêtements sales et il a essayé plusieurs fois et toutes les tentatives ont échoué.
Puis il a pris un travail pour pouvoir acheter des vêtements. Après quelques jours avec de nouveaux vêtements, il a été autorisé à rencontrer son ami.
Il expliqua à son ami roi toutes les choses qui lui étaient arrivées. Après avoir entendu son histoire, son ami le roi ordonna à son peuple de lui donner un troupeau de 100 moutons.
Le jeune roi fut surpris car il attendait beaucoup plus que cela. Il ne veut pas être berger. Mais n’ayant rien d’autre, alors il a accepté l’offre de son ami.
Au bout de quelques jours, alors qu’il faisait paître son troupeau, un groupe de loups attaqua son troupeau et tua chacun d’eux. Pendant que les loups attaquaient, le roi s’enfuit de cet endroit.
Quelques jours plus tard, retourna voir son ami le roi et lui demanda de l’aide. Cette fois, ce dernier lui a donné 50 moutons. Mais encore une fois, il n’a pas réussi à protéger son troupeau des loups.
La troisième fois, il n’a reçu que 25 moutons.
Cette fois, le jeune roi a considéré que, s’il ne protégeait pas son troupeau de ces loups, il n’obtiendrait plus d’aide de son ami.
Alors, il étudia complètement son environnement et comprit les zones d’attaque des loups. Il a ainsi ajouté des clôtures et des gardes supplémentaires tout autour. Il a ensuite continué à surveiller les lieux et à consulter tout le monde sur la manière de protéger son troupeau et a continué à apprendre les astuces pour maintenir le troupeau en vie
Après quelques années, son troupeau est passé à 1000 moutons.
Avec une joie immense, il rendit visite à son ami qui l’a aidé et lui raconta ce qu’il a accompli. Après l’avoir entendu, le roi ami ordonna à ses ministres de lui donner tout un État sur lequel régner.
En entendant cela, il a demandé à son ami « Pourquoi ne m’avez-vous pas donné l’État pour gouverner lorsque je suis venu vous demander de l’aide pour la première fois ? »
Le roi ami répondit :
« La première fois que vous êtes venu me demander de l’aide, votre état d’esprit était comme si vous étiez né et élevé pour être un leader, mais la vérité était tout autre et vous en étiez loin. Vous êtes peut-être né dans la richesse, la fierté et le pouvoir, mais vous n’avez jamais été correctement éduqué et formé pour diriger votre peuple.
Alors, quand je vous ai donné le troupeau, j’attendais que vous appreniez, comment gérer et diriger les autres. Cher ami, maintenant je crois que vous êtes prêt à diriger les autres !
Morale de l’histoire: Être né dans une famille puissante ou être un manager à un poste plus élevé ne fait pas de vous un chef qu’on souhaite suivre.
Vous pouvez être responsable des autres en tant que roi d’un lieu ou directeur d’une équipe ou PDG d’une entreprise.
Mais tenir cette position et ne rien faire pour les gens ou les choses sous votre contrôle ne fait pas de vous un leader à suivre. Savoir mieux connaître son peuple ou ses disciples, gagner les cœurs et les esprits des gens, voila la source du succès.
Certaines personnes pensent qu’elles sont nées et élevées pour être des leaders. Mais la réalité est complètement différente. N’importe qui peut être un leader un jour tant qu’il continue d’apprendre les secrets de la sécurité de son troupeau.