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Les techniques de planification

Il y a plus de 2000 ans, Sénèque soulignait déjà la nécessité d’une planification ciblée et, depuis, cette constatation a été confirmée des milliers de fois. « La planification est la tentative de remplacer le hasard par l’erreur. » avait dit un historien. Rainer Maria Rilke, poète et romancier autrichien disait pour sa part : « Chacun a un objectif, de ce qu’il doit devenir. Tant qu’il ne l’est pas, sa paix n’est pas pleine. »

Cette dernière citation s’appliquerait également à toute entreprise bien gérée qui, pour s’orienter, a d’abord besoin d’une planification claire des objectifs qui indique le sens, le but et l’essence de l’action, donne la direction à toutes les stratégies et offre les bases et la justification de toutes les opérations.

Pour ce faire, il faut de nombreuses aides, allant de la vision et de l’imagination aux stratégies, méthodes et techniques avec des routines fixes et une large utilisation de l’outil informatique. Les méthodes et techniques qui peuvent être utilisées pour traiter et résoudre les problèmes opérationnels sont nombreuses.

Ces techniques de planification en tant qu’outils du planificateur aident à réduire les risques. Elles ne sont pas seulement utilisées spécifiquement dans le cadre de la planification, de l’organisation et de la prise de décision, mais sont surtout des procédures générales dans le cadre de la gestion d’entreprise.

La planification d’entreprise doit être définie comme une fonction de gestion permettant d’assurer la cohérence entre les futurs processus d’entreprise et ses objectifs. Ces processus ou actions sont contrôlés et exécutés par des personnes, de sorte que la tâche principale de la planification revient en réalité à aligner les actions des acteurs sur les objectifs de l’entreprise.

Aujourd’hui, tout planificateur dans le domaine technico-économique doit connaître, maîtriser et utiliser ces instruments. Dans la littérature, il n’y a généralement pas de distinction explicite entre méthode, technique et instrument.

L’objectif de la planification est toujours l’optimisation des décisions à prendre. Aucune entreprise qui veut réussir à long terme ne peut se passer d’une planification systématique. Ces objectifs sont des situations visées à long terme, le plus souvent avec une composante économique mais de plus en plus, une composante humaine et sociale

Mais le court terme nécessite tout autant une planification, même si elle n’épouse pas la même envergure

Ce qui vous attend dans cet article

1. Les techniques de planification à long terme

Lorsque  nous  parlons  de  planification  à  long  terme pour une entreprise, nous faisons  allusion a une période  d’au moins trois ans. La planification à long terme ou stratégique a pour tâche principale de maintenir et de garantir le potentiel de réussite de manière pérenne. L’objectif est d’assurer l’existence de l’entreprise dans le futur.

Cette catégorie de planification est élaborée au niveau de la hiérarchie supérieure de l’entreprise et vise principalement à intégrer les activités de tous les services de façon à atteindre un objectif global.

Les principaux outils utilisés pour y parvenir sont les budgets, la direction par objectifs (D.P.O.), les réseaux, les techniques statistiques et la simulation.

1.1. Le budget

Notons d’abord que le budget représente l’un des principaux outils de planification et aussi un des plus répandus. Rappelez-vous qu’un budget consiste en une représentation systématique des ressources financières, matérielles, humaines ou autres requises pour une période déterminée par une entreprise ou un élément de celle-ci afin d’atteindre les objectifs fixés.

On prépare des budgets pour deux raisons principales. D’abord, ils permettent aux gestionnaires de l’entreprise d’évaluer l’efficacité et la contribution de chaque unité de l’organisation, la contribution d’une unité devant justifier l’utilisation des ressources. Puis, au niveau de la planification, les budgets fournissent une synthèse des  besoins  en  capitaux,  en  main-d’œuvre ou en toute autre ressource de toute l’organisation pour une période déterminée.

Ainsi, la précision de la planification budgétaire devient un élément important en ce qui a trait à la santé et à la survie de l’organisation. Les budgets seront aussi utilisés lors du contrôle.

1.2. La direction par objectifs (DPO)

La direction par objectifs (D.P.O.)  est  une  technique  très  populaire.  Cette  technique  consiste  à  établir  des  objectifs  pour  l’ensemble  de  l’entreprise  et   pour   chaque  unité,  et  à  évaluer  par  la  suite  la  performance  de  chacune  en  se  basant   sur  les  résultats. 

Les objectifs globaux de l’organisation sont définis par la haute direction et chacune des unités de l’entreprise doit établir les siens, ces  sous-objectifs  devant   contribuer à la réalisation des objectifs globaux. La figure 2.7 vous fera comprendre les relations existant entre les objectifs.

Voyons maintenant plus en détail chacune des caractéristiques de la D.P.O. :

  1. Participation. La définition  des  objectifs   selon   cette   approche   suppose   une participation de tous les membres  de  l’organisation,  et  ce,  à  tous  les  niveaux.  Les   objectifs   globaux   orientent   les   sous-objectifs   de   chaque  unité;  en  revanche,   en   définissant   ses   sous-objectifs,   un   service   peut influer sur les objectifs globaux. Bref,  la  D.P.O  est  un  processus  bidirectionnel dans lequel les échanges vont du haut vers le bas et vice-versa.
  2. Orientation ascendante. Nous avons déjà souligné les relations existant entre les différents niveaux quant à la planification et malgré ce qui vient d’être dit sur la participation, il faut insister sur la primauté des objectifs globaux de l’entreprise. Ainsi, chacun dans l’organisation contribue à l’ensemble et doit pouvoir identifier son apport au succès final. Donc, même s’il   s’agit   d’un   processus    d’orientation    ascendante,    les    objectifs  ne  sont   pas   imposés   par   la   haute   direction.   Ils   sont   plutôt   discutés et évalués en fonction des objectifs globaux de toute l’entreprise.
  3. Primauté des résultats. Par définition, la D.P.O privilégie les résultats. Ainsi, les   objectifs établis sont énoncés en termes de résultats désirés et non d’activités   à accomplir.   Les gestionnaires doivent atteindre les objectifs définis par la haute   direction, mais ils sont libres quant aux moyens à utiliser pour ce faire. Cette    marge d’initiative dans le choix des stratégies représente une excellente source de motivation au travail.
  4. Précision des objectifs. Les objectifs sont tous énoncés de façon claire et précise en des termes observables et mesurables; idéalement, ils sont même exprimés quantitativement. Ceci afin   de   mieux   comprendre   les   buts  à  atteindre  et  de faciliter grandement l’activité de contrôle.
  5. Définition des rôles. Une définition aussi précise des objectifs permet à chacun de percevoir sa propre responsabilité dans la réalisation des objectifs globaux. De cette manière, les coûteux chevauchements de responsabilités sont évités et aucune activité n’est négligée.
  6. Amélioration des communications. Le suivi des activités et l’amélioration de la qualité de la communication dans l’organisation sont deux exigences de la D.P.O. En effet, le processus de détermination des objectifs inhérent à cette méthode oblige les gestionnaires à réviser périodiquement l’évolution du programme et à échanger avec les cadres des différents niveaux sur la pertinence de poursuivre certains objectifs et sur la valeur du travail déjà accompli.

Bref, chaque gestionnaire constate qu’il est un chaînon et que l’ensemble de l’organisation de même que sa structure administrative sont liés l’un à l’autre par des sous-objectifs qui ne visent que la réalisation des objectifs globaux.

GUILLEMTS-VERTS

« En ne vous préparant pas, vous vous préparez à échouer. »

Benjamin Franklin,
père fondateur des 
Etats-Unis

1.3. Les techniques à réseaux

La planification à l’aide de réseaux consiste à tracer un diagramme des objectifs à atteindre ainsi que des activités à accomplir pour y arriver. Il existe plusieurs méthodes de présentation dont les principales sont:

– Le PERT: Program Evaluation and Review Technique (méthode de programmation optimale);

Chaque cercle (nœud) représente une étape ou un jalon du projet. Flèches représentent les taches qui doivent être réalisées pour atteindre le nœud, c’est à dire l’étape concernée.

CPM: Critical Path Method (méthode du cheminement critique);

Le PERT est une technique de gestion de projet populaire qui s’applique lorsque le temps nécessaire pour terminer un projet n’est pas certain. Il s’agit d’une méthode probabiliste dont l’objectif principal est de minimiser le temps nécessaire à l’achèvement du projet.

La méthode CPM elle, est un algorithme statistique qui a une certaine heure de début et de fin pour un projet. Il s’agit d’un modèle déterministe qui a pour objectif principal de rechercher un compromis entre le coût et le temps, avec le souci particulier de réduire les coûts.

Explicitons rapidement les étapes suivies par ces méthodes :

a) La première étape consiste à faire la liste de tous les sous-objectifs nécessaires à la réalisation de l’objectif final. Il faudra ensuite placer  ces  sous-objectifs  par  ordre logique ou chronologique afin d’en faciliter  la réalisation.

b) Afin de réaliser les sous-objectifs, il faut accomplir un certain nombre d’activités. Celles-ci se situent dans le temps et occupent une période plus ou moins longue. Elles indiquent la nature du travail devant être accompli et le temps nécessaire pour le faire et atteindre ainsi un sous- objectif.

c) Une fois établis les sous-objectifs et déterminé le temps nécessaire pour accomplir les activités qui leur sont reliées, il s’agit de construire un réseau démontrant les relations unissant les activités et ces sous-objectifs.

d) Une fois le réseau établi et le cheminement critique défini, la tâche réelle du gestionnaire commence. Notez que le cheminement critique représente le réseau le plus long, donc celui qui doit être surveillé davantage, car un retard dans les activités de ce réseau entraînera un retard dans le projet global. Il faut donc analyser la situation afin de tenter continuellement de réduire le temps nécessaire pour accomplir les activités qui s’y trouvent.

Il arrive fréquemment que, pendant le déroulement des activités, le cheminement critique se déplace vers une autre partie du réseau. Même si cette méthode est surtout utilisée pour les projets d’envergure, le gestionnaire constatera qu’un réseau simplifié de ses activités peut lui être fort utile.

1.4. Les techniques statistiques

Vous verrez dans les lignes qui suivent l’usage qui peut être fait de certaines techniques simples de statistique; nous négligerons volontairement les techniques plus avancées (l’accroissement moyen, la corrélation, la régression linéaire, la corrélation multiple, le lissage exponentiel etc.) qu’il serait trop long de développer ici et pour lesquelles nous invitons notre lecteur à consulter d’autres sources.

Les techniques de projection. Il s’agit de prévoir les comportements futurs de certaines variables en analysant leurs comportements passés. Ainsi, les ventes ont augmenté en moyenne de 7% pendant les cinq dernières années, alors elles connaîtront une hausse de 7% l’an prochain. Cela est très simple et peu coûteux; ce faisant, nous tenons pour acquis que le comportement d’une variable sera constant, ce, qui est en soi un peu risqué.

L’analyse des tendances. L’analyse des tendances consiste à éviter les inconvénients de la projection directe en utilisant les tendances du comportement. Par exemple, si les ventes des trois dernières années ont connu une croissance de 70.000 €, 60.000 € et 50.000 €, nous prévoirons une augmentation de 40.000 € au lieu  de  60.000 €  que  nous  indiquerait  la  technique  de  projection (soit 180.000 € en 3 ans, donc 60.000 € par année).

Les techniques de corrélation. Une troisième technique de statistique fort  utilisée  prend  en  considération  le degré de relation entre les variables: il s’agit de  la  méthode de  corrélation. Ainsi,   lorsque la tendance   d’une variable  subit  une  modification, il  est  possible de prévoir   la tendance que prendra une autre variable si la corrélation a été préalablement établie. Mais cela ne signifie en aucune façon que la  première  variable  est  la  cause de  la  deuxième.  La corrélation ne témoigne  que d’un lien   entre les tendances. Mais comme dans les autres techniques, la prévision n’est pas parfaite, car le lieu même entre les tendances peut être modifié dans le temps.

Brian Tracy est un conférencier motivateur canado-américain, auteur d’une centaine de livres qui ont été traduits dans des dizaines de langues. Il a animé plus de 5000 conférences et séminaires aux Etats-Unis, au Canada et dans 70 autres pays du monde. Parmi ses livres populaires : « Gagnez ce que vous valez vraiment » et « Mangez cette grenouille ! ».

« Chaque minute que vous passez à planifier vous fait gagner 10 minutes d’exécution ; cela vous donne un retour sur l’énergie de 1 000 % ! » 

1.5. La simulation

Les techniques avec lesquelles vous venez de faire connaissance s’utilisent beaucoup plus facilement à l’aide d’un ordinateur. Mais ce dernier offre une autre possibilité fort intéressante consistant à créer une situation, à  faire varier certains facteurs de l’environnement, puis à mesurer leur impact. Il s’agit bien sûr de la simulation.

La méthode permet de réunir toutes les variables ayant quelque influence sur une situation donnée, d’établir ensuite la  corrélation existant entre chacune et  de  construire un modèle  mathématique capable de prédire cet impact.

2. Les techniques de planification à court terme

Les techniques de planification à long terme sont surtout l’apanage des cadres supérieurs de l’entreprise, alors que les techniques à court terme peuvent être utilisées par tous les gestionnaires. La planification à court terme s’étend généralement sur une période d’un an et est également appelée planification opérationnelle.

Contrairement à la planification à long terme (stratégique), son contenu est précisé, les objectifs sont de nature quantitative et elle traite des variables liées essentiellement à la liquidité de l’entreprise. Cela signifie que la planification à court terme est responsable de s’assurer que l’entreprise peut faire face à ses engagements à tout moment.

Nous nous limiterons ici aux techniques de planification des activités  quotidiennes du gestionnaire et de son équipe de travail.

2.1. La feuille de contrôle

Vous avez sans doute connu de ces journées où vous n’avez pas cessé d’aller et de venir pour constater à la fin de la journée que peu de travail significatif avait été accompli. En fait, vous avez entrepris beaucoup de tâches sans jamais pouvoir les compléter. La méthode la plus simple pour pallier  ce  problème consiste à vous faire en début de journée une liste des activités à accomplir et de les classer par ordre de priorités. Ainsi, au cours de la journée, vous rayez chacune des tâches cor

En fait, vous avez entrepris beaucoup  de tâches sans jamais pouvoir les compléter.  La méthode la plus simple pour pallier ce  problème consiste  à  vous faire en début de journée une liste des activités à accomplir  et  de  les  classer par ordre  de priorités. Ainsi,  au  cours de la  journée, vous rayez chacune des tâches  complétées. Si  la liste des tâches prioritaires  demeure longue, il faudra réévaluer les priorités ou déléguer plus de travail.

2.2. L'agenda

Certaines tâches et certaines rencontres doivent être accomplies ou avoir lieu à des moments précis. La liste des priorités présentées plus haut sera accompagnée  de  références  quant  aux dates et aux heures. Ainsi, il  sera  possible    de prévoir certaines réunions  à  votre  agenda et d’accomplir dans les jours qui précèdent le travail préparatoire à celles-ci.

GUILLEMTS-VERTS

« Un homme qui ne planifie pas longtemps à l’avance trouvera des ennuis à sa porte. »

Confucius, philosophe chinois

2.3. Le diagramme de Gantt

Il s’agit d’un outil très utile de planification opérationnelle au service du gestionnaire. C’est un diagramme dont la constitution permet au gestionnaire d’utiliser au maximum les  ressources  mises  à  sa  disposition. 

Cette  technique   est   utilisée   entre   autres   pour  la  gestion  des  ressources  humaines,  car  elle   permet   d’éviter,   là   où   les   tâches  sont  interreliées,  que  le  retard  dans   une   activité   entraîne   des   conséquences  en  chaîne  sur  les  autres  tâches.  Enfin,  en   plus   de   permettre   l’organisation  efficace   des   tâches   des   travailleurs,   cette   technique   peut   être   utilisée   pour  répartir  les  commandes  entre  les  différentes  machines  ou   les   différents   groupes d’employés.

Conclusion

Il existe une très grande variété de  techniques  permettant d’améliorer la qualité de la planification. Nous avons donné un aperçu du fonctionnement des plus importantes et, bien qu’elles  puissent  paraître  complexes il est toujours possible de n’utiliser  que  les  principes  fondamentaux  lorsque la situation n’en exige pas plus ou de les modifier pour mieux répondre à vos besoins.

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