Nous connaissons tous le vieil adage selon lequel personne ne réussit vraiment seul. Il faut plusieurs personnes, jouant chacune un rôle diffèrent, pour faire réussir une équipe ou une entreprise. Alors pourquoi est-il si difficile pour nous de demander de l’aide ? Exprimer clairement ce que nous voulons que les autres fassent semble être très difficile. Nous aimerions qu’ils devinent ce que nous attendons d’eux.
Avez-vous du mal à demander de l’aide aux autres ? Êtes-vous frustré par vous-même lorsque vous ne cherchez pas de soutien lorsque vous en avez besoin ? Vous n’êtes pas seul. Ce comportement n’est uniquement l’exclusivité des introvertis et des personnes sensibles. C’est un message que nous avons peut-être doucement absorbé dans différentes sphères de la vie.
Tout le monde est au courant : vous êtes bloqué sur un sujet. Et si vous êtes bloqué, vous pouvez demander de l’aide. Une aide pour décider. Car vous ne pouvez pas tout faire. Mais c’est exactement ce que beaucoup de gens trouvent extrêmement difficile. Elles paniquent à l’idée d’aller demander à quelqu’un de les aider.
Certains dictons ne sont pas pour arranger les choses : « Soyez autonome », « Vous devez vous frayer un chemin », « Rien ne vous est donné. », « Assumez votre responsabilité. », « Ne soyez pas un échec. »
Lors de votre recherche d’informations, vous souhaitez connaître d’autres points de vue ou simplement disposer d‘une oreille attentive. Mais pour cela, il faut demander conseil à quelqu’un, et cela comporte certains risques : le risque de passer pour un idiot, un incompétent, d’être repoussé ou encore d’obtenir une réponse qui ne vous plaît pas. Et cette appréhension, elle aussi vous bloque.
Pour ces raisons et bien d’autres, beaucoup parmi nous ne demandent même pas d’aide, tandis que d’autres assaillent tout le monde de questions et ont besoin d’être constamment rassurés.
Aucun des deux extrêmes n’est idéal.
De nombreux managers, dirigeants, gestionnaires, directeurs et PDG ont du mal à demander de l’aide. Si vous faites partie de l’un d’entre eux, ou si votre collaborateur ou votre équipe demande trop ou trop peu d’aide, lisez la suite.
1. Pourquoi demander de l’aide devient un problème ?
Gorick Ng, un écrivain renommé de la Harvard Business Review (HBR) et auteur à succès du Wall Street Journal a, dans une enquête demandé à 500 PDG ce qu’ils trouvaient le plus difficile dans leur travail. La réponse la plus courante : demander de l’aide. La raison en est la peur, car comme précisé plus haut, il y a des risques à demander de l’aide. Au mieux vous semblez vulnérable, au pire paresseux ou incompétent.
Alors qu’en réalité, demander de l’aide montre également que vous appréciez l’autre personne pour ses connaissances et ses compétences. On est «digne» en tant que conseiller ou aide dans le besoin. Ajoutons que c’est un geste noble d’aider les autres dans le besoin.
Vous restez là et ne savez pas quoi faire. Vous avec un problème à résoudre et vous ne faites pas le pas d’aller demander de l’aide à un collègue. Un classique qui touche tout le monde.
Curieusement, les enfants n’ont aucun problème avec cela : il est tout à fait normal qu’ils demandent de l’aide ou qu’ils demandent et qu’on leur explique quelque chose lorsqu’ils ne savent pas quoi faire, comment réagir ou comment avancer. C’est pourquoi ils apprennent si facilement et rapidement en même temps…
« Je finissais toujours par tomber en panne sur l’autoroute. Quand je restais là à essayer de voir quelqu’un y prêter attention, personne ne s’arrêtait. Mais quand je poussais ma propre voiture, d’autres conducteurs sortaient et poussaient avec moi. Si vous voulez de l’aide, n’hésitez pas, les gens aiment ça. »
Chris Rock.
Mais force est de constater que les adultes ont beaucoup plus de mal avec ça. Mais pourquoi donc ? Essayons d’y voir clair.
1.1. Une mauvaise expérience.
Les psychologues pensent que les mauvaises expériences en sont souvent la cause (« nous avons demandé de l’aide et nous avons été déçus »). De telles expériences peuvent nous façonner énormément et profondément.
La demande a-t-elle été brusquement refusée. Ou souriait-on pendant qu’on posait notre question ou mieux encore, se moquait-on de nous en cachette, car nous considérant comme impuissants ou « idiots ». Cela peut alors avoir une forte influence sur notre comportement futur. Au fil du temps, il devient de plus en plus difficile pour les personnes concernées de demander de l’aide.
1.2. Peur de perdre le contrôle de la situation
Si vous avez déjà demandé de l’aide à la mauvaise personne ou si vous avez sollicité de l’aide de la mauvaise manière, cela peut avoir des conséquences néfastes. Certaines personnes voient le fait de demander de l’aide comme une autorisation donnée à l’autre de prendre le relais.
Nous risquons de perdre le contrôle de la situation si nous ne définissons pas des attentes claires et des paramètres de soutien précis. Et si vous n’aimez pas les conflits, cela peut conduire à des moments frustrants et gênants.
1.3. Peur du refus
La peur du refus est une peur puissante qui a souvent un impact considérable sur nos vies. La plupart des gens éprouvent de la nervosité lorsqu’ils se placent dans des situations qui pourraient mener au rejet, mais pour certaines personnes, la peur devient écrasante.
Pourtant, des études ont montré que des personnes ont peur car elles sous-estiment la probabilité d’être aidé jusqu’à 50 %. Non seulement la volonté des autres de les aider est sous-estimée, mais est sous-estimé aussi l’effort que sont disposés à fournir les gens auteur d’elles.
1.4. Peur de montrer une incompétence ou une faiblesse
Beaucoup peuvent difficilement se permettre de demander de l’aide au travail (ou du moins le pensent-ils) notamment lorsqu’ils sont soumis à une grande pression due à une concurrence interne. Demander de l’aide devient alors rapidement un aveu de ses propres faiblesses . Cela ronge notre image de soi.
Demander de l’aide signifie toujours admettre que vous ne pouvez pas faire quelque chose. Vous faites preuve de faiblesse et vous pourriez vous rendre vulnérable. Vous n’arrivez pas à avancer sans l’aide des autres. La pression de la concurrence est souvent forte, notamment professionnellement. Et donc chacun essaie de présenter la meilleure image possible de lui-même afin de répondre aux attentes élevées de l’employeur. En conséquence, beaucoup essaient alors de cacher toute insuffisance.
D’autres études ont montré que demander de l’aide pour des tâches simples n’a aucun effet sur la réputation d’une personne. Mieux que cela, avec des tâches complexes, cela avait même un effet positif et était considéré comme un signe de plus grande compétence.
Majid Kazmi est un spécialiste du domaine bancaire, un entrepreneur social et un leader d’opinion en matière de diversité et d’inclusion basé à Toronto, au Canada. Il est un conférencier reconnu sur des sujets tels que le leadership, l’entrepreneuriat inclusif et le développement de carrière pour les jeunes professionnels
« Cela peut sembler paradoxal, mais la force vient de la vulnérabilité. Vous devez poser la question pour obtenir la réponse, même si poser la question signifie que vous ne saviez pas. »
1.5. Etre un fardeau pour les autres
C’est aussi un obstacle commun qui fait hésiter beaucoup de personnes avant de demander de l’aide : « Puis-je vraiment déranger les autres avec mon problème ? » Un certain nombre de personnes hésitent en effet à demander de l’aide de crainte de déranger les autres.
Mais c’est précisément pour cette raison que nous devons nous entraider et être prêts à parler aux autres lorsque nous atteignons nous-mêmes nos limites. Très peu de gens trouvent que c’est un fardeau lorsqu’on leur demande de l’aide. La grande majorité n’est pas seulement heureuse de le faire, elle se sent honorée, flattée et reconnue.
Si seulement ils savaient qu’en vous aidant les autres seraient plus heureux.
Une étude menée par le Dr Oliver Scott Curry, psychologue évolutionniste et anthropologue révèle que nous devenons heureux en aidant les autres. Aider les autres vous fait vous sentir mieux. La science montre qu’aider peut même vous sortir d’un état d’esprit négatif. En d’autres termes, demander de l’aide pourrait même donner à quelqu’un, votre collègue, votre ami, votre conjoint, une chance de se sentir mieux.
L’affirmation selon laquelle « aider les autres rend heureux » est devenue un incontournable de la psychologie et des manuels d’auto-assistance. Accomplir des «actes de gentillesse» à l’égard d’un collègue, ami ou même un inconnu a été présenté comme un moyen infaillible de stimuler votre humeur. Ainsi, faire le bien vous fait vous sentir bien, tout en étant dans la foulée, bénéfique pour les autres.
Un bon manager doit comprendre que ceux qui demandent de l’aide apprennent quelque chose de nouveau. Ils deviennent plus compétitifs, plus productifs Il se doit donc de tout faire auprès de son équipe ou ses collaborateurs pour les amener à surmonter ces appréhensions. Il y va de la réussite de l’entreprise. S’il ne le fait pas, il fera encore et encore les mêmes erreurs à long terme.
2. Comment se faire aider ?
Demander de l’aide, c’est bien beau, mais il faut penser à le faire correctement. Il s’agit d’une interaction humaine et, comme c’est souvent le cas, le potentiel de conflit réside dans la façon dont vous interagissez.
Alors maintenant, explorons la meilleure façon de demander de l’aide.
2.1. Il faut le mériter
Afin d’obtenir de l’aide souvent, et sans ternir votre réputation, vous devez d’abord prouver que vous méritez cette aide.
La sagesse populaire estime que donner est plus béni que recevoir. En d’autres termes, avant de pouvoir espérer de l’aide, vous devez d’abord la mériter. D’un point de vue philosophique, il faut croire que l’univers tient un compte de nos contributions au monde. Si vous demandez cinq fois plus que vous ne donnez, tôt ou tard votre réputation tombera à l’eau. C’est pourquoi il est si important d’aider plus souvent que vous ne demandez de l’aide. Aider les autres va inciter les autres à vous renvoyer l’ascenseur.
2.2. S’assurer que ce que vous demandez est nécessaire
Il y a trois niveaux de compétence. Ils sont une bonne indication pour savoir s’il faut ou non demander de l’aide à quelqu’un.
Niveau 1 : Vous savez. Il s’agit de toutes les choses que vous avez apprises tout au long de votre vie. Pour ce qui relève de ce niveau, il n’est pas nécessaire de demander de l’aide.
Niveau 2 : Si vous essayez alors vous saurez. Il est facile d’avoir une mauvaise réputation en posant des questions comme celle-ci, car vous n’avez tout simplement pas fait suffisamment d’efforts pour trouver vous-même la solution. La réponse que vous pourriez obtenir serait du genre : « C’est pour cela que vous me dérangez ? »
Il existe deux types de questions dans cette catégorie :
a) Les questions qui supposent une réponse (par exemple, comment faire une table des matières sur Microsoft Word ?)
Cette réponse peut facilement être trouvée avec une recherche rapide sur Google. Vous devriez vous abstenir de poser de telles questions, respectez le temps des autres et faites un petit effort pour vous renseigner.
b) Qu’est-ce que tu ferais à ma place ? Demander simplement « Que feriez-vous à ma place ? » montre que vous n’avez pas exploré la question. (Vous n’avez pas fait vos devoirs pour ainsi dire). Par conséquent, anticipez tout ce que votre interlocuteur pourrait répondre, réfléchissez et passez en revue les alternatives possibles et choisissez l’une d’entre elles. Sauf s’il s’agit d’une question déterminante, qui est de l’ordre du fondamental, vous n’aurez peut-être même pas besoin de demander conseil. Et si vous le faites, expliquez votre raisonnement (options et raisons) et demandez si vous avez oublié quelque chose. Ne laissez pas les autres faire votre travail et réfléchir à votre place. Montrez que vous avec analyser la question et que vous souhaitez simplement un avis complémentaire.
« N’ayez pas peur de poser des questions. N’ayez pas peur de demander de l’aide quand vous en avez besoin. Je le fais tous les jours. Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, c’est un signe de force. »
Barack Obama.
Niveau 3 : difficile ou impossible à savoir. Voici les questions que vous ne devriez pas hésiter à poser. Cependant, gardez toujours un œil sur le solde de votre compte avec les autres, afin qu’il y ait un équilibre entre les questions répondues et les questions posées. S’il est débiteur, faites à votre tour des efforts pour répondre aux questionnements et préoccupations des autres.
Si vous considérez maintenant que vous devez demander de l’aide, il existe deux types de questions :
La question qui attend une réponse : Ce type de question crée une dépendance et alourdit votre bilan avec les autres : « Comment colore-t-on une colonne sur Excel ? »
La question qui incite à vous aider. Sans aucun doute la meilleure option car elle vous rendra indépendant à l’avenir : « Comment arrivez-vous à faire un tri personnalisé sur Excel, j’essaie depuis tout à l’heure ? ».
3. Comment vous y prendre pour demander de l’aide ?
Vous êtes maintenant prêt à poser votre question. Bien. Il reste qu’il ne faut pas le faire n’importe comment car le résultat à vos attentes dépend de la façon dont vous le faites. Parce que la façon dont vous traitez les autres détermine la façon dont vous êtes perçu par eux.
Si vous voulez être vu comme quelqu’un qui mérite de l’aide, faites attention à ces 7 points :
Structurez votre question. Au lieu de dire : « Comment fait-on pour soumettre ma demande de congé ? », essayez plutôt : « On m’a informé que vous êtes responsable de la planification des congés. J’aurais voulu savoir s’il y a un formulaire adapté ? »
Dérangez le moins possible. Lorsque vous posez des questions, pensez à votre interlocuteur et non à vous-même. Quand êtes-vous le moins dérangé ? Quels canaux de communication préférez-vous ? (De vive voix, au téléphone, SMS …). De plus, il est toujours préférable d’ajouter une question tout de suite que d’interrompre une deuxième fois plus tard.
Rassemblez vos questions. Même la personne la plus serviable du monde n’aime pas être interrompue toutes les cinq minutes. Aussi, si vous estimez que votre préoccupation nécessite plusieurs questions, ne dérangez pas vote interlocuteur tous les quart d’heures ou tous les jours.
Rassemblez-les et posez-les toutes en même temps. C’est ainsi que vous respectez le temps de votre homologue. Gardez à l’esprit qu’être interrompu une fois pendant 20 minutes n’est pas la même chose qu’être interrompu cinq fois pendant quatre minutes chacune. La productivité » de votre interlocuteur en prendra un coup.
Soyez modeste. Ce point peut être difficile pour certains, mais celui qui demande de l’aide le fait dans la position du plus faible : on est dépendant de l’aide. Si vous êtes trop arrogant (Ah bon çà je le savais !) vous obtenez rapidement une mauvaise réputation. Indépendamment du fait que la réponse variera certainement en fonction de votre attitude. Plus vos êtes arrogant et moins votre interlocuteur sera bavard.
Facilitez la tâche à la personne interrogée. Donnez à l’autre personne une chance de répondre, plutôt que de poser une question ouverte du genre : « Que dois-je faire maintenant? » Au lieu de cela, expliquez d’abord le contexte dans lequel vous posez votre question. Ensuite poser une question fermée (J’ai pensé prendre la solution A vous parait-elle intéressante ?) ou semi-fermée (Je suis en train d’hésiter entre le plan A et le plan B. Pensez-vous que j’ai eu raison d’écarter le plan C ?)
Prenez des notes. Si la réponse est complexe, n’hésitez pas à prendre des notes (les points importants pas des phrases entières). Ce faisant, vous montrez que vous appréciez l’aide de votre homologue et en même temps vous évitez d’avoir à poser à nouveau la même question.
Montrez votre gratitude. L’aide est un service que vous rend votre interlocuteur. Même si cela peut le rendre heureux comme expliqué plus haut, montrez votre gratitude pour sa contribution. Vous n’obtiendrez peut-être pas la réponse que vous attendiez ou vous ne pourrez peut-être rien en faire. « Merci quand même » fera plaisir. Vous pourrez décider plus tard si vous demanderez ou non de l’aide à cette personne à nouveau).
Conclusion
On a tous besoin les uns des autres. Plus les gens s’impliquent dans leur organisation et la rendent meilleure, plus l’organisation devient forte. Les actions de chacun affectent la vie des autres, qu’ils en soient conscients ou non. Les questions que se posent les uns aux autres nous unissent et nous rendent donc plus forts, en tant qu’équipe, leader, manager ou PDG. Mais seulement si on le fait correctement.
Il ne faut plus écouter cette voix intérieure qui nous empêche de suivre la première impulsion de simplement demander conseil à quelqu’un. Au lieu de cela, beaucoup font l’erreur de lutter seuls dans leur coin avec leurs problèmes et considèrent à tort qu’ils n’ont pas à demander de l’aide. Alors que ces problèmes pourraient éventuellement être résolus plus rapidement et les résultats obtenus s’avérer plus probants, SI nous arrivions à surmonter nos peurs et nos préjugés. Tout le monde y gagnera.